JOUR 1 : LYON - ZERMATT
Ce jour-là, j'étais stressé par le voyage à venir. Ce n’était pas ma première aventure à l’international mais ça n’avait rien à voir avec les précédentes escapades. Il n’y avait jamais eu autant de pays différents ni autant de destinations et ça n’avait pas été fait en train ni avec des frontières fermées pour cause de pandémie. Ceci étant, j’étais également très excité puisque je sortais comme tout le monde du confinement et que j’avais des envies d’ailleurs. C’est pourquoi, au moment de monter dans le train, pour me rassurer, je me rappelais sans cesse que je commençais par la Suisse et que j'allais donc pouvoir parler français. D’autant que la première étape ne m’était pas inconnue, j’y étais auparavant venu. Et finalement, après Genève, arriva Lausanne puis Montreux, Saint-Maurice, Martigny, Sion. En fait, ce n’est qu’une fois arrivé à Viège que j’ai commencé à être intrigué par les panneaux “Visp” et par les annonces vocales en allemand. Le train et ses contrôleurs étaient trilingues depuis le début et le canton du Valais était officiellement bilingue. Je n'avais pas encore bien compris le concept de frontière linguistique, voilà tout. Et à Visp donc, je pris mon dernier train de la journée à destination de Zermatt. Là, j'arrivais à l’auberge de jeunesse située à seulement 20 mètres de la gare et après avoir posé ma valise, je me mis en tête de visiter la ville et d’aller au pied du Mont Cervin (Matterhorn pour les intimes) puisqu’il se trouvait seulement à 6 kilomètres de là. Je n'avais pas encore bien compris le concept de marche en montagne, voilà tout. Après une ascension de 120 mètres, je fis quelques photos puis je fis demi-tour. Arrivé dans mon lit : branchement des appareils, sélection des photos puis repos.
JOUR 2 : ZERMATT - ST MORITZ
Ce jour-là, alors que je m'apprêtais à régler mes premières courses du voyage, ma seule et unique carte bancaire s'est fendue en deux.
JOUR 3 : ST MORITZ - BLUDENZ
Ce jour-là, je suis tombé amoureux de deux vallées, de deux viaducs et de deux trains. Et j'ai failli insulter des allemands aussi ...
JOUR 4 : BLUDENZ - INNSBRUCK
Ce jour-là, après trois jours de voyage, j'ai finalement compris le fonctionnement du Pass Interrail et c'est donc en toute logique que j'ai fait plus de quatre heures de train pour visiter une ville pendant deux heures.
JOUR 5 : INNSBRUCK
Ce jour-là, alors que je prévoyais de sillonner la ville de long en large en faisant l'ensemble des lignes de tramways, je me suis retrouvé en pleine forêt.
JOUR 6 : INNSBRUCK - SALZBOURG
Ce jour-là, j'ai commis l'irréparable : j'ai visité Linz sans déguster la moindre Linzer Torte.
JOUR 7 : SALZBOURG
Ce jour-là, j'ai donné un pourboire à une serveuse non pas pour la qualité du repas mais parce qu'elle avait dû se battre pour me comprendre.
JOUR 8 : SALZBOURG - LJUBLJANA
Ce jour-là, je me dirigeais vers la Slovénie avec des images de la guerre des Balkans plein la tête. Arrivé à la frontière, en voyant arriver un train diesel très lent et complètement tagué, j'ai commencé à paniquer.
JOUR 9 : LJUBLJANA
Ce jour-là, je me suis rappelé qu'il peut pleuvoir même en été et que ce n'est pas toujours une bonne idée de rester dehors dans ces cas-là.
JOUR 10 : LJUBLJANA
Ce jour-là, je me suis rendu compte que la bouteille d'eau qui m'avait été offerte en dépannage quelques jours avant mon départ ne s'attendait probablement pas à un tel voyage.
JOUR 11 : LJUBLJANA - ZAGREB
Ce jour-là, j'ai pleinement pris conscience que j'aimais ces voyages lents qui permettent d'observer les paysages que l'on traverse. J'ai aussi pris conscience qu'une correspondance de deux heures et trente-six minutes dans un patelin de 15 000 habitants c'est vraiment vraiment vraiment très très long.
JOUR 12 : ZAGREB
Ce jour-là, j'ai passé dix minutes à attendre que deux pigeons aient la pose adéquate et j'ai passé dix autres minutes à chercher le bon angle pour photographier un mur.
JOUR 13 : ZAGREB
Ce jour-là, j'ai traversé un long tunnel sans crier la moindre insanité quand bien même personne ne pouvait me comprendre.
JOUR 14 : ZAGREB - VIENNE
Ce jour-là, faute de trains internationaux rétablis, j'ai dû me rabattre sur un bus. Entre la recherche de la gare routière et du bon véhicule alors que les indications sont en langue étrangère, les passages aux frontières où tu te sens suspect même si tu n'as rien fait et l'arrivée dans un coin paumé dans une ville inconnue ...
JOUR 15 : VIENNE
Ce jour-là, je suis rentré dans le château de Schönbrunn juste avant qu'un gros orage n'éclate et j'en suis ressorti juste après qu'il se soit éloigné. J'ai passé le reste de la journée à scruter une éventuelle chute de météorite.
JOUR 16 : VIENNE
Ce jour-là, j'ai composé une chanson durant mon sommeil : "Et je partage mes flatulences, partout, dans toute la France. Eh vous là-bas, avez-vous senti mes pets ? Ils sont gratuits. Allez-y, sentez !"
JOUR 17 : VIENNE - BRATISLAVA
Ce jour-là, j'ai pris le bus pour aller visiter le château de Bratislava et c'est évidemment au moment-même où je suis descendu du véhicule qu'une averse est survenue. Les 200 mètres les plus longs de toute ma vie.
JOUR 18 : BRATISLAVA
Ce jour-là, j'ai visité le musée de la ville. Note à moi-même : prévoir un chocolat chaud quand on découvre une exposition sur les méthodes de torture au Moyen-Âge.
JOUR 19 : BRATISLAVA
Ce jour-là, je me suis gardé de dire le moindre mot en français pendant la visite des ruines du château de Devín mais cela n'avait absolument rien à voir avec le fait que ce sont les troupes napoléoniennes qui l'ont détruit.
JOUR 20 : BRATISLAVA - BUDAPEST
Ce jour-là, le train pour Budapest est tombé en panne et quand le contrôleur est passé pour donner des explications, j'ai souris. J'ai souris car je voulais lui faire croire que j'avais compris afin qu'il ne soit pas obligé de tout répéter en anglais mais intérieurement c'était la panique car je me demandais ce qui allait se passer et je n'en avais pas la moindre idée.
JOUR 21 : BUDAPEST
Ce jour-là, je suis parti en vadrouille dans les rues de Budapest en étant persuadé que le meilleur de mon voyage était derrière moi puis j'ai découvert le parlement hongrois.
JOUR 22 : BUDAPEST
Ce jour-là, j'ai organisé l'entièreté de ma journée pour aller voir une seule fontaine dont j'ai fait pas moins de trois cent neuf photos. Certes il y'avait un spectacle son et lumière avec mais quand-même ...
JOUR 23 : BUDAPEST - PRAGUE
Ce jour-là, après une première balade à Prague, la réceptionniste de l'auberge s'est empressée de me demander ce que j'avais pensé de la ville. A ma remarque sur le nombre important de touristes, celle-ci m'indiqua qu'ils ne représentaient pourtant qu'un tiers des touristes habituels.
JOUR 24 : PRAGUE
Ce jour-là, je suis allé faire des courses. Une fois arrivé devant le magasin, je fus interpellé par une affiche sur les portes vitrées de l'entrée. Souhaitant éviter tout impair, j'entrepris donc une traduction qui nécessita trois bonnes minutes. Le résultat : attention à la vitre.
JOUR 25 : PRAGUE
Ce jour-là, alors qu'il était presque minuit, les colocataires parlaient comme s'il était midi et ce, à deux mètres de mes oreilles. Loin d'être ennuyé, je jubilais à l'idée que le lendemain mon réveil devait sonner à 5h45.
JOUR 26 : PRAGUE - COLOGNE
Ce jour-là, alors que j'attendais un S-Bahn berlinois, un contrôleur m'interpella pour vérifier la validité de mon billet. Après plusieurs minutes d'échanges et l'arrivée de toute l'escouade autour de mon cas, ils décrétèrent que j'étais en règle car ils n'étaient pas sûrs que je ne le fus pas.
JOUR 27 : COLOGNE
Ce jour-là, souhaitant continuer de me reposer, je feignis d'être encore endormi quand la femme de ménage vînt nettoyer la chambre. Mais face au vacarme, je conclus qu'il n'était plus crédible que je puisse encore dormir et j'ouvris donc les yeux. C'est ainsi que commença le contrôle de police.
JOUR 28 : COLOGNE
Ce jour-là, soucieux de faire une blague sur l'eau de Cologne, j'ai ingurgité pas moins de deux litres d'eau afin de réaliser une photo avant de décréter que la bouteille n'était pas photogénique et qu'il était plus intéressant de photographier le robinet.
JOUR 29 : COLOGNE - FRANCFORT
Ce jour-là, voulant faire croire à tout le monde que j'étais sur le retour, je me suis rapproché de la frontière française en visitant le Luxembourg. Or, cette escapade m'ayant plu, je restais finalement plus longtemps que prévu. C'est ainsi que mon projet de la journée, le train scénique de la vallée du Rhin, n'a pas pu être réalisé car le soleil était déjà loin.
JOUR 30 : FRANCFORT
Ce jour-là, j'ai commencé ma journée aux côtés d'un énorme ours en peluche et je l'ai fini en passant à proximité du plus gros bordel d'Allemagne.
JOUR 31 : FRANCFORT
Ce jour-là, je traversais un pont ferroviaire au-dessus du Main quand je me fis la remarque que ce n'était pas le meilleur moment pour faire tomber quoique ce soit. C'est évidemment à ce moment précis qu'une de mes oreillettes décida de tester mes réflexes.
JOUR 32 : FRANCFORT
Ce jour-là, lassé par cette troisième journée à Francfort, j'ai confié la visite à mon moi profond, humoriste de talent. Bilan de la journée : une photo de bâtiment en forme d'appareil génital, un jeu de mot sur le nom de la ville et une photo de saucisses.
JOUR 33 : FRANCFORT - ZURICH
Ce jour-là, c'est habillé de noir que j'ai mangé une fôret-noire dans la fôret noire.
JOUR 34 : ZURICH
Ce jour-là, j'ai goûté au délicieux cadre de vie des suisses : de la nourriture excellente, des transports de qualité, des fontaines d'eau potable à tous les coins de rue, des toilettes propres gratuites et des escaliers, beaucoup d'escaliers, trop d'escaliers ...
JOUR 35 : ZURICH
Ce jour-là, alors que je parcourais le parc qui longe le lac de Zurich, j'ai fait signe à un cygne et j'ai demandé à un canard s'il était du coin-coin. Il n'a pas répondu car il ne parlait probablement pas français ...
JOUR 36 : ZURICH - BÂLE
Ce jour-là, je suis allé poser mes fesses sur un glacier en pleine montagne pendant que mes amis lyonnais s'offraient un petit 40 degrés.
JOUR 37 : BÂLE
Ce jour-là, j'ai passé la matinée à capturer des Magicarpe.
JOUR 38 : BÂLE - LYON
Ce jour-là, après avoir pris le temps de manger une pizza et une glace à Domodossola, j'ai confondu, dans la précipitation, le panneau des arrivées avec celui des départs.